RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES DE SUBSTANTION
(Hérault), 1958
par MM. François Daumas et René Majurel
Les fouilles ont été exécutées du 21 juillet au 6 août 1958 par des ouvriers dirigés par les deux signataires du présent travail1. Elles ont porté sur trois points2. L'un (I) à la pointe Sud-Ouest et en contre-bas de l'oppidum, près de la rivière. Le second (II) à l'Est des murailles anciennes, dans la partie la plus profonde de la boucle actuelle de la route de Clapiers, près de la maison de M. Marques. Le troisième (III) beaucoup plus au Sud dans l'olivette du Dr Vivien, dominant le Lez, entre la route de Clapiers et le chemin de Substantion3. (Fig. 1).
I
Un ravin naturel qui atteint à peu près 30 mètres de profondeur au-dessous de la route actuelle, vers le Lez, sépare le plateau de Substantion des pentes de la colline dite La Gardie, située plus au Sud. Les Ponts et Chaussées, pour rectifier la route actuelle, ont
(1) Nous ne pouvons manquer de remercier ici les propriétaires des terrains sur lesquels nous avons fouillé : Mme Piquemal, MM. le Dr Vivien et Albert Marques, qui, comprenant tout de suite l'intérêt scientifique des travaux entrepris, n'ont pas hésité un instant à nous accorder les autorisations nécessaires. M. l'entrepreneur Marques a, en outre, mis bénévolement à notre disposition brouettes, pioches et cribles nécessaires à nos travaux. MM. E. Charras et J. Rebull ont été pour nous des auxiliaires précieux par l'intelligence qn'ils ont apportée au travail de fouille.
(2) Malgré l'importance de l'oppidum, on n'a fouillé que deux fois à Substantion : en 1833 et 1834 la Société archéologique de Montpellier exécuta des travaux autour du Mas du Diable et mit au jour des vestiges gallo-romains. Durant quelques années jusqu'en 1916, Maurice Gennevaux fit des fouilles en divers points du site. Ces fouilles n'ont fait l'objet d'aucune publication systématique. On trouvera, sur Substantion préromain, une documentation abondante et une bibliographie dans E. Bonnet, L'Oppidum préromain de Substantion, dans Mém. de la Soc. archéol. de Montpellier, 2e sér., IX, 1924, p. 93-120, 5 pi.
Bien avant E. Bonnet, Philippe de Saint-Paul avait entrevu le passé pré-romain de Substantion. Ses arguments, à cette époque, ne pouvaient être à la hauteur de son intention. Il se refusait, en effet, à voir dans le Serratione de la table de Peutinger une erreur de copiste et donnait à ce mot une étymologie ibéro-ligure. Il attribuait d'autre part le mode de construction des murailles — encore bien visibles vers 1830 — aux Celtes (Sextantio, dans Publications de la Soc. archéol. de Montpellier, n° 1, 1835).
(3) C'est le nom récent d'un chemin ancien, le seul qui existât avant le percement de l'actuelle route de Clapiers. Son antiquité est démontrée par les traces de ses niveaux successifs que l'on discerne encore très bien, en plusieurs points dans le rocher du plateau. Chose curieuse, il suit de manière sinueuse le cours du Lez depuis Lattes, passe près du pont Juvénal, puis à la Pompignanne et vient couper la voie domitienne à angle droit, juste au pied des murailles de Substantion. C'est probablement un très ancien chemin de portage le long du Lez qui ne devait plus guère être navigable, au moins à partir du pont Juvénal, sinon depuis Lattes. Du reste, ce chemin traversait Substantion et poursuivait son cours vers le Nord.
